Yves Gosselin, « Discours de
réception »,
Montréal, Lanctôt, 2003, 162 p.
Tables rondes
avec les finalistes du
Prix littéraire des collégiens
aux librairies Olivieri (Montréal)
et Pantoute (Québec)
février 2004
Le CRILCQ est le Centre de recherche
interuniversitaire sur
la littérature et la culture québécoises. Il
s'agit du
nouveau centre regroupant le Centre d'études
québécoises
(CÉTUQ) de l'Université de Montréal et le
Centre de
recherche en littérature québécoise (CRELIQ)
de
l'Université Laval, à Québec.
Pour que tout soit clair sur ce point, je dirai tout de suite que
j'ai
toujours été un farouche opposant de ces machines
administratives dès qu'elles ont dépassé leur
fonction
initiale, celle du centre de documentation, pour devenir des
structures
gérant la recherche et des fonds de recherche. À
Québec
et à Montréal, c'est un demi-million de dollars par
année
qui est englouti dans le CRILCQ, une fortune, l'essentiel
étant
détourné de la recherche, la seule qui importe dans
notre
domaine, la recherche responsable conduite sous la
responsabilité
intellectuelle des professeurs d'université, avec leurs
étudiants.
Oublions un moment la pastorale littéraire du CRILCQ qui
finance tables
rondes, conférences, lectures, soirées, causeries,
colloques,
ateliers, séminaires et journées d'études
—
et leurs
publications ! Un centre de littérature
québécoise,
me semble-t-il, devrait s'occuper de rassembler la documentation
POUR les
chercheurs, les professeurs et les étudiants. La
documentation, la
recherche -- la documentation au service de la recherche. Pas de
chance, je
peux illustrer à moi tout seul, ici, les deux failles des
deux piliers
foudroyés de l'édifice. Ce n'est pas pour rien que
j'ai
toujours été un farouche opposant du
développement
tentaculaire inadéquat de ces centres...
D'abord, question recherche, l'étude que j'ai publiée
en 2001
fait la preuve que les ouvrages fondateurs du Centre de Laval (le
CRELIQ) sont
tout bonnement des amalgames de plagiats d'assistants de recherche
recopiés par leurs responsables se livrant à leur
tour au
démarquage de texte. C'est ce qu'on doit apprendre aux
collégiens à ne jamais faire et qui a produit tout ce
qui
concerne la Nouvelle-France (qui est mon domaine de recherche) dans
la Vie
littéraire au Québec, puis les Écrits
de la
Nouvelle-France, dirigés ou rédigés par
Maurice
Lemire, fondateur du Centre. J'analyse cela mot à mot dans
« Les sauvages de l'histoire
littéraire »,
Recherches amérindiennes au Québec
(vol. 31,
no 2, 2001, p. 105-111). Je ne fais pas d'amalgame ou ne
généralise rien du tout : j'explique sur un cas
particulier que les « compilations »
d'assistants
conduisent rarement à la recherche dans notre domaine et
souvent au
pire, dont exemple.
Ensuite, question documentation, je viens de réaliser une
étude
critique sur le détournement (il n'y a pas d'autres mots) du
patrimoine
documentaire des deux Centres de littérature
québécoise : l'Union des écrivains
québécois en a fait sa chose, ce qui lui permet de
délivrer des certificats d'écrivain, privilège
de ses
membres. Encore un scandale, c'est bien probable. Pour bien
saluer mes
critiques vis-à-vis du CRILCQ, j'en fais sur l'heure un
nouveau
chapitre de mes polémiques :
L'« ILE » des simoniaques
Voilà pour le CRILCQ, qui ne m'inspire vraiment pas de bons
sentiments.
Cela dit, je puis garder le sens des proportions. Je suis un
irréductible opposant au Centre de littérature
québécoise, soit, mais ce n'est pas une raison de
penser qu'il
ne peut en sortir que du mal, du mauvais et du pire. Je proposais
même
à la Fondation Marc Bourgie, on s'en souviendra, de confier
au CRILCQ
l'organisation du Prix littéraire des
collégiens...
C'est donc avec stupeur et incrédulité que j'ai
appris le
12 janvier que le CRILCQ mettait en oeuvre sa pastorale
littéraire
au service du Prix des collégiens de la Fondation Marc
Bourgie. Il
faut savoir que cela faisait alors deux mois que je
dénonçais
l'affaire Gosselin auprès de mes collègues, alors que
ce sont
quelques-uns d'entre eux, les membres et responsables du CRILCQ
à
Montréal, qui organisaient l'événement...
Alors voici ma correspondance à ce sujet. Suivra son
analyse.
13 janvier 2004, 19h42
Professeurs du département des Études
françaises,
Université de Montréal.
Chers collègues,
Oui, encore l'affaire Gosselin.
Le CRILCQ annonce dans son « Babillard, calendrier des
activités 2003-2004 »
(sans aucune date d'édition ni de version d'ailleurs) en
page 6, dans
ses
« Rencontres d'écrivains », une
série de
rencontres « Dans le cadre du Prix
littéraire des collégiens », avec les
cinq auteurs
en lice, dont le fameux
Yves Gosselin.
Comme j'ai adressé mes communiqués aux responsables
du CRILCQ
de Montréal
et de Québec, mes fichiers d'analyses et de protestations ne
peuvent
avoir
échappé aux directeurs et à leurs
comités de
direction. Si j'étais
membre du CRILCQ, je m'opposerais énergiquement à ce
qu'on fasse
la
promotion du Prix des collégiens cette année 2004 et
dénoncerais le fait
de donner quelque tribune que ce soit au dénommé Yves
Gosselin.
Il ne
s'agit pas de censure, il ne s'agit pas de le faire taire, bien au
contraire, mais on ne saurait lui donner une tribune où il
ne peut de
toutes manières que dire des âneries, c'est
forcé,
étant donné la nature
et le contenu de ses deux romans.
Est-ce que les responsables du CRILCQ, c'est bien le cas de
le dire,
veulent s'ajouter à la chaîne des irresponsables que
je
dénonce?
Bien tristement, -- Guy
Date: Tue, 13 Jan 2004 20:08:53 -0500
From: Pierre Nepveu <
Subject: affaire Yves Gosselin
Cher Guy,
À titre de responsable intérimaire du CRILCQ, je
prends acte de
ton dernier message au sujet de la table ronde à venir avec
les
finalistes du Prix des collégiens. Je précise que je
n'ai pas
lu le roman concerné, Discours de réception,
et que je
n'ai guère l'intention de le lire: si ce roman t'a
indigné, je
dirais que le sentiment général est qu'il s'agit
surtout d'un
assez mauvais roman, passablement ennuyeux. Mais enfin, un jury de
plusieurs
personnes l'a retenu... Aucun d'entre eux, en tout cas, n'y a lu un
manifeste
antisémite et je n'ai encore vu aucun journal qui ait
porté
l'affaire devant le grand public. Ni ton
préféré, Le
Devoir, ni aucun autre. Le Congrès juif et le B'nai
B'rith ne se
sont par ailleurs pas (encore) manifestés. Pas plus que les
profs de
CEGEP dont les étudiants sont en train de lire les romans en
lice.
Donc, à moins d'un revirement de dernière heure, tu
me
permettras de maintenir le programme actuel et la table ronde
prévue,
avec tout le respect que je dois à ton opinion.
Très cordialement,
Pierre Nepveu
directeur intérimaire,
CRILCQ
From: "Lafleche Guy" <lafleche@ETFRA.UMontreal.CA >
To: "Pierre Nepveu" <
Sent: Wednesday, January 14, 2004 7:09 PM
Subject: Le CRILCQ et l'affaire Yves Gosselin
Mon cher Pierre,
La présente n'est pas personnelle. J'écris au
directeur du
CRILCQ.
Je ne répondrai pas, évidemment, au message que tu
m'as
envoyé en réponse
à la protestation que j'ai adressée aux
collègues et en
particulier aux
dirigeants et membres du CRILCQ parmi nous. À moins qu'une
discussion
s'ouvre à ce sujet entre nous, ce qui me surprendrait
beaucoup, je n'ai
pas à te répondre, ni personnellement, ni devant les
collègues.
En revanche, tu dois être bien conscient que le CRILCQ, lui,
sera
l'objet
de mes foudres, ce qui ne devrait pas donner lieu à
polémique,
pas plus
qu'avec le Devoir, la Fondation Marc Bourgie, Lanctôt
Éditeur, etc. En
général, une fois écrasées mes victimes
perdent
la crédibilité de
simplement pourvoir répliquer. Je te jure que ce sera le
cas du
CRILCQ,
pour la raison évidente que je ne saurais porter des
accusations contre
les journalistes et dirigeants du Devoir et épargner
le CRILCQ
parce que
ce sont mes collègues qui y travaillent. Je suppose que tu
comprends
cela. C'est une question d'honnêteté
intellectuelle.
Tu me demandes ironiquement si je te permets de maintenir la table
ronde
réunissant les finalistes du Prix des collégiens.
Bien
sûr que non. Je
n'ai absolument aucun pouvoir au CRILCQ, ni même droit de
parole, n'y
étant pas membre. Cela dit, pour utiliser ta formule
ironique, tu me
permettras aussi de dire que, non, je ne respecte pas du tout les
opinions
du CRILCQ que tu transmets dans ta lettre.
Et c'est l'objet de mon message: je me permets, sans aucune
arrière
pensée, de te demander de bien vouloir t'assurer que ton
message
reflète
bien la position du CRILCQ, notamment son Comité de
direction et ses
autres comités supérieurs s'il s'en trouve. Je
suppose que oui,
ayant
parlé à X tout à l'heure: il m'a dit
qu'à son
avis ton message
représentait bien la position du CRILCQ (ce qui n'est pas
mon
problème,
mais le tien, je te le dis amicalement). Toutefois, après
quelques
minutes seulement (car on ne pouvait se parler longtemps: il devait
retrouver ses gants!), il n'avait pas l'air certain d'être
d'accord avec
cette position, car, contrairement à toi il veut absolument
voir le
livre et paraissait plus que sensible à mes positions -- et
même
absolument certain que je ne pouvais pas avoir tort (c'est pour te
dire...). Mais pour lui, la question ne se pose pas, car il est en
sabbatique.
Je ne sais pas encore quelle forme prendra mon opposition à
la Table
ronde
du CRILCQ sur le Prix des collégiens, mais je devrais
normalement
commencer par en signaler l'existence, le fait que j'ai
protesté en
vain,
sans publier mon message qui n'apporte rien de neuf, mais en
reproduisant
le tien qui, lui, présente la position du CRILCQ et m'est
adressé de ta
part à titre de Directeur.
Je n'attendrai pas ta réponse pour agir, évidemment.
En
revanche, si tu
avais besoin d'un délai pour consulter (à nouveau)
les instances
ou les
comités du CRILCQ, tu voudras bien me dire combien de temps
il te faut.
Si l'événement était annulé, j'en
serais fort
heureux: c'est mon premier
objectif. Faute de quoi mon second est de le dénoncer.
J'en ai le
droit
et je ne te demande pas la permission. Je tiens seulement à
t'en
informer
clairement d'abord.
Bon jeudi, bon vendredi, et ce sera enfin la fin (de semaine),
—
Guy
Ou plutôt : Guy Laflèche, titulaire.
Date: Thu, 15 Jan 2004 08:40:28 -0500
From: Pierre Nepveu <
Subject: Re: Le CRILCQ et l'affaire Yves Gosselin
Cher Guy,
Je ne crois pas avoir utilisé l'ironie dans ma lettre, en
tout cas ce
n'était pas mon intention. Cela dit, oui, je crois en effet
que
j'aurais
besoin d'un délai pour consulter le comité de
direction du
CRILCQ. La
réponse que je t'ai faite ne saurait être
considérée comme la position
officielle du CRILCQ avant que j'aie parlé à mes
collègues. Et puis, il me
fait plaisir de t'annoncer que je me suis ravisé et ai
décidé d'acheter le
roman de Gosselin, pour me faire une idée plus juste de
l'enjeu.
Cela dit, je t'avertis tout de suite que je ne vais pas m'engager
dans une
série d'échanges interminables et de courriels
fleuves. Tu seras
informé en
temps et lieu de la position officielle du CRILCQ et des mesures
à
prendre
au besoin.
Très cordialement,
Pierre Nepveu,
directeur du CRILCQ.
Date: Thu, 15 Jan 2004 11:26:43 -0500
From: Lafleche Guy <lafleche@ETFRA.UMontreal.CA>
To: Pierre Nepveu <
Subject: Le CRILCQ et l'affaire Yves Gosselin (bis)
Le 15 Jan 2004, Pierre Nepveu écrit :
« La réponse que je t'ai faite ne saurait être
considérée comme la position officielle du
CRILCQ ».
->> Désolé, mais jusqu'à nouvel ordre,
tel est le
cas.
« Tu seras informé en temps et lieu... ».
->> Désolé, ce n'est pas toi, mais moi qui
décide,
étant donné que j'aurais dû procéder
sans te
consulter il y a deux jours déjà, surtout que ma
dénonciation date maintenant de près de trois
mois.
->> Un délai d'une semaine est plus que suffisant.
->> Dans l'attente de tes nouvelles à ce sujet,
—
Guy
Date: Mon, 19 Jan 2004 18:28:47 -0500
From: Pierre Nepveu <
Subject: affaire Yves Gosselin
Cher Guy,
À la suite de nos échanges, le comité de
direction du
CRILCQ s'est réuni aujourd'hui, ce lundi le 19 janvier
à midi,
pour discuter de « L'affaire Yves Gosselin ».
Je tiens
à préciser que, contrairement à ce que j'avais
annoncé, j'ai pris la peine de lire le roman d'Yves
Gosselin,
Discours de réception, ce qu'ont aussi fait Gilles
Dupuis et
Patrick Poirier.
Au terme de cette réunion nous en arrivons aux conclusions
suivantes:
1. Sans nier que le roman d'Yves Gosselin puisse être
tendancieux et
complaisant, pour autant qu'il fait tenir à un
académicien
fictif de 1953 un discours lourdement antisémite, nous
sommes d'avis
que le roman comme tel ne saurait être
considéré comme
antisémite et cela pour deux raisons: a) le paratexte (4e de
couverture, épigraphes) dit explicitement le contraire; 2)
le roman se
sert clairement de la figure de Louis-Ferdinand Céline,
à qui
l'académicien rend hommage, pour critiquer
l'hygiénisme et
l'eugénisme contemporains, le
discours anti-juif
du personnage se
situant dans une dénonciation plus large, et
évidemment
ironique, de toutes les impuretés et de toutes les
« tares » humaines au nom du progrès
médical
et technique et d'une « sainte alliance » entre
la France
et l'Allemagne qui fait bien sûr allusion à l'Europe
nouvelle.
2. Nous croyons que l'indigence de ce roman, l'importance
outrancière
que l'éditeur semble lui accorder [sic], le traitement de
Louis-Ferdinand comme « ordure
canonisée » en 4e
couverture, ainsi que toutes autres questions concernant la valeur
littéraire de l'ouvrage et la qualité de son auteur
[?] ne sont
aucunement de notre ressort. Il n'est pas en notre pouvoir, et ce
n'est pas
notre rôle, de remettre en question le choix du jury (nous
nous
dissocierions toutefois de ce choix si nous jugions le roman
haineux ou
diffamatoire).
3. Le rôle du CRILCQ se bornant à organiser des tables
rondes
autour desquelles les finalistes du Prix des collégiens sont
réunis,
et compte tenu des observations ci-dessus, nous croyons qu'il y a
lieu de
maintenir les activités déjà annoncées.
Chacun
conserve évidemment l'entière liberté de se
présenter à ces tables rondes, d'interroger l'auteur
et, au
besoin, de dénoncer son travail et ses idées, sans
procès
d'intention et compte tenu de la liberté de parole de
chacun.
Nous espérons, cher Guy, expliquer ainsi le plus clairement
possible
notre position. Tout en respectant la tienne, nous souhaitons aussi
qu'en
homme qui déteste à bon droit la censure et qui
préconise
la liberté d'expression, tu écouteras nos
arguments.
Très cordialement,
Pierre Nepveu, directeur intérimaire
CRILCQ, site Université de Montréal.
Le CRILCQ et son Lamartine
« Lamartine ». Pierre Nepveu est poète
et je
trouve très amusant de le désigner du nom du plus pur
représentant de la confrérie. Ce n'est
évidemment pas
sa poésie ni son oeuvre poétique que je
désigne ainsi,
mais sa fonction ou son travail dans ce domaine, si je puis dire.
Poète. Plus poète que Lamartine, je pense que c'est
impossible
à imaginer.
Mais en réalité, ce que je caractérise ainsi,
ce sont les
directeurs de nos Centres de littérature
québécoise. Je
sais que c'est terrible, mais je crois que je peux en faire la
démonstration : ces gens-là sont tous des
Lamartine.
Il faut dire que Lamartine représente pour moi l'art
d'écrire
pour ne rien dire. Lorsqu'on n'a pas trois idées, en
comptant
largement d'ailleurs, il faut tout de même du génie
pour en faire
des Méditations poétiques, puis de
Nouvelles
Méditations poétiques, sans compter ses
Harmonies
poétiques et religieuses. Comment est-il possible
d'avoir tant de
succès lorsque l'on n'a rien à dire ?
Directeurs, il faut
que tout le monde comprenne que nous n'avons que de bons sentiments
(et rien
d'autre !). Mais je reconnais que c'est un art et je le
retrouve tout
pur dans les admirables textes administratifs des directeurs du
CRILCQ. Et
Pierre Nepveu plus que tout autre.
Mais tout Lamartine qu'il soit, le directeur d'un Centre de
littérature québécoise ne parvient pas
toujours à
ne rien dire. Il arrive que la vacuité de son expression
finisse par
signifier quelque chose. Lorsqu'il s'agit de racisme et
d'antisémitisme, en particulier, le dérapage est
clair :
la volonté de ne rien dire et de ne pas agir est si
évidente que
Lamartine
lui-même y perdrait des plumes
(l'« aigle »), voire
sa plume.
Ainsi, c'est au CÉTUQ et à son Lamartine que le
Québec
doit l'affaire LaRue, dont j'ai tiré la conclusion dans mes
Polémiques, soit la nature du texte de Monique LaRue,
qui s'est
étouffée de bonnes intentions, avec tous ceux qui
l'ont
« soutenue » dans cette triste entreprise, dont
son texte
témoigne à l'évidence, l'Arpenteur et le
navigateur, Montréal, Fides et CÉTUQ
(oui !), 1996 —
publication orchestrée par Pierre Nepveu qui l'a lui
même
défendue dans le Devoir (26 avril 1997), alors
même
que la directrice Lise Bissonnette lui servait de porte-voix. Un
scandale
intellectuel rare. Revoir au besoin mon analyse à ce
sujet :
L'arpenteuse du racisme
Je rappelle toutefois ma conclusion, fort simple : Monique
LaRue n'est pas raciste, mais le texte de sa conférence,
lui, l'est
profondément. J'ai expliqué pourquoi. Or, la faute
en revient
au CÉTUQ et à ses conférences lamartiniennes,
jouant de
la
« transculture »...
La pastorale littéraire de ces centres de recherche n'est
pas
innocente.
Le cas se présente à nouveau aujourd'hui, mais
à
l'inverse. Cette fois-ci, c'est le Devoir qui est le
premier
responsable de l'affaire Gosselin. Il est donc naturel que le
CRILCQ lui
renvoie l'ascenseur !
Si l'on revoit chacune des six étapes de l'affaire Gosselin
selon ma
correspondance avec le CRILCQ et son Lamartine, on constate vite
que
l'essentiel est de noyer de poisson. En logique, on commence par
oublier (1)
la majeure : l'ouvrage d'Yves Gosselin retenu ou
imposé parmi les
finalistes du Prix littéraire des collégiens n'a
aucun
intérêt ni aucune valeur littéraire, en plus
d'être
profondément antisémite -- même si les bonnes
intentions
de l'auteur, qui n'est pas antisémite, ne font aucun doute;
cela doit
être dénoncé. Le CRILCQ remplace tout cela par
ce qui a
l'air d'une « indignation » ou une simple
« intervention » de ma part, d'où (2) la
mineure : mais personne ne dénonce cet ouvrage !
Dès
lors (3) la conclusion est simple, puisque c'est ce qu'il s'agit de
« justifier » : ce n'est pas le
rôle du CRILCQ
de dénoncer un ouvrage... qui ne l'est pas et ne doit donc
pas
l'être. CQFD. La table ronde sera maintenue. Et la seconde
lettre de
Pierre Nepveu d'agiter le grelot de la censure...
Quel style, vraiment. Lamartine. Génial.
Il faut donc rétablir les faits. Les noms d'abord :
Gilles
Dupuis, Pierre Nepveu et Patrick Poirier ne sont pas ceux qui
avaient lu le
livre d'Yves Gosselin lors de la réunion du 19 janvier, mais
bien les
trois seuls membres du Comité du CRILCQ
présents ! Lorsque
l'on sait que l'un d'entre eux, Patrick Poirier, est un
employé (le
coordinateur scientifique du CRILCQ), on comprend l'attitude de
Pierre Nepveu
dès son premier message... Le maître, le
contre-maître
(car je n'ose dire le « cerveau », étant
donné l'univers lamartinien de la pastorale du CRILCQ). Je
serais
curieux de savoir comment la question a été
traitée au
Centre de Québec où je n'étais pas là
pour
intervenir...
L'action ensuite : c'est évidemment la caution
donnée au
Devoir, à son jury et au Prix de la Fondation Marc
Bourgie.
Il s'agit bien là d'une « chaîne
d'irresponsabilités », chaque maillon étant
justifié par (la
« responsabilité » de) tous
les autres. Je rappelle le texte de la publicité qui
paraît
aujourd'hui... dans le Devoir : « Olivieri,
librairie-bistro : Prix
littéraire des collégiens 2004. Le
CRILCQ et la fondation Marc Bourgie présentent une causerie
animée par Stanley Péan avec trois des finalistes en
lice :
Yves Gosselin, Discours de réception, François
Gravel,
Adieu Betty Crocker, Lise Tremblay, la
Héronnière.
-- Lundi, 23 février, 19h30 » (le Devoir,
21 février 2004, p. F6).
Donner une tribune à un négationiste, c'est criminel.
Promouvoir les turpitudes d'Yves Gosselin, c'est pire : c'est
cautionner
un très grand nombre d'irresponsables, intellectuels
patentés,
qui refusent de répondre de leurs actes, qui ont
refusé de
répondre même tout simplement à mes
questions.
Peu importe l'issue du concours (sauf si le roman d'Yves Gosselin
sortait
vainqueur !). L'institution littéraire fabrique sa
justification
de la manière la plus implacable : éditeurs,
chroniqueurs,
directeurs de journaux, membres d'un jury, promoteurs d'un prix et
responsables de centres littéraires. L'auteur est le seul
qui n'est
pour rien dans l'affaire ! Il suffit de lire sa tartine pour
le
comprendre.
Justement, le résultat enfin : l'analyse incorrecte du
Discours de réception d'Yves Gosselin.
En effet, la seconde
lettre de Pierre Nepveu, rédigée au nom du CRILCQ,
participe
manifestement de la critique ou plutôt de l'absence de
critique des
chroniqueurs du Devoir et de Voir. Certes, on
commence,
après trois mois d'analyse critique de ma part, à
prendre
conscience de quelques faiblesses de l'ouvrage, mais pas au point
d'y voir le
livre sans aucun intérêt ni aucune valeur
littéraire dont
il s'agit. Plus encore, son propos est lu au
« second degré » en fonction des bonnes
intentions
de l'auteur.
D'ailleurs, pour les « responsables » du
CRILCQ, la seule
question qui importe est celle de l'antisémitisme, mot qui
ne vient pas
une seule fois dans ma corresponsance comme on le voit (s'agissant
d'un centre
littéraire, c'est bien de littérature qu'il devrait
s'agir et
cela devrait suffire à discréditer l'ouvrage...). Il
leur
importe de ne pas y donner prise et ils veulent donc s'assurer de
leur
parfaite innocence, ce dont personne ne peut douter : aussi
précisent-ils bien que s'il s'agissait d'un
« roman haineux
ou diffamatoire (sic) » ils s'en dissocieraient sans
hésiter.
Comme on le voit, la question qui se pose pour eux, c'est eux. Un
Lamartine
ne doit pas s'engager, évidemment, mais il doit
impérativement
se désengager. Ces « responsables » ne
doivent
avoir aucune « responsabilité ». Bref,
si Yves
Gosselin n'est pas passible d'une condamnation pour discours
haineux ou
diffamatoire (sic) et si son roman n'est pas antisémite
(sic), alors
on n'en demande pas plus.
Pour ma part, comme on le voit à la lecture de mon premier message, le 13 janvier, la question
n'est pas de
savoir jusqu'où on peut aller sans engager sa
responsabilité,
mais celle de savoir s'il n'est pas moralement criminel de
participer à
la promotion de l'ouvrage de quelque manière que ce soit.
Là
est la question. Et elle porte sur l'analyse du TEXTE d'Yves
Gosselin qui est
de notre compétence, surtout si l'on est membre d'un Centre
de
littérature québécoise... Et c'est bien ce
que font les
« responsables » du CRILCQ pour
désengager leur
« responsabilité ». Je suis
désolé,
mais il faut les prendre au mot. On se fichera complètement
de leurs
ridicules réserves. C'est seulement leur défense du
livre
d'Yves Gosselin qui peut nous importer, puisqu'il s'agit pour eux
de se
justifier. Ils écrivent :
« le discours anti-juif du personnage se situant
dans une dénonciation plus large, et évidemment
ironique, de
toutes les impuretés et de toutes les "tares" humaines au
nom du
progrès médical et technique et d'une "sainte
alliance" entre
la France et l'Allemagne qui fait bien sûr allusion à
l'Europe
nouvelle ».
Vraiment ? Mais vraiment ? -- Voilà
en tout cas ce qu'écrivent sérieusement nos trois
universitaires. Avec la rhétorique de savants professeurs
de lettres
qui s'y connaissent,
ils affirment que « bien sûr » le
discours antisémite avec lequel joue Yves Gosselin se situe
dans une
« dénonciation plus large » et
même
« évidemment ironique ».
Clairement,
évidemment, bien sûr, voilà un
autoritarisme
factice qui n'a pas besoin de la moindre illustration textuelle (et
pour
cause !). En fait, leur innocence déclarée (et
fort
crédible, il faut le dire) profite précisément
de
l'innocence crasse de l'auteur que je dénonce depuis quatre
mois : les (bonnes) intentions d'Yves Gosselin ne font
absolument aucun
doute. Quel sens faut-il alors donner au roman ? Mais
voyons, bien
sûr, c'est évident, disent nos intellectuels :
il s'agit
de dénoncer l'eugénisme (!) et l'« Europe
nouvelle », « la "sainte alliance" entre la
France et
l'Allemagne » ! Je les cite au texte, car autrement
ce serait
incroyable, tellement c'est déplacé d'esbrouffe
intellectuelle.
Un petit roman de cent cinquante pages publié au
Québec,
où ne se trouve aucun exposé critique, serait en fait
une
dénonciation de l'Europe nouvelle et d'un nouvel
eugénisme, ce
qui
est évidemment, pour
qui a lu cette tartine vide de la moindre idée, à
mourir de
rire...
Bref, Gilles Dupuis, Pierre Nepveu et Patrick Poirier, qui ne sont
pas des
humoristes et vraiment pas drôles, voudraient (pour se
justifier) faire
croire qu'ils ont parfaitement bien saisi, dans
Discours de réception, combien ce roman était
politiquement impliqué dans un grand débat qui
sévirait
actuellement en Europe... On aimerait beaucoup qu'ils nous
illustrent leur
« lecture » de quelques citations prises du
discours
bouffon dégradant faisant l'éloge d'un vulgaire
antisémitisme et un loufoque eugénisme
prêtés
à Céline.
La vérité est simple : ce n'est pas vrai.
Nulle part le
texte de Discours de réception ne dénonce ni
n'analyse
de quelque manière ces « idées »
d'Europe
nouvelle impliquant une alliance de l'Allemagne et de la France
actuelles, ni
évidemment quelque question que ce soit relative au
débat sur
l'éthique biologique ou génétique. Inutile de
les mettre
au défi d'illustrer cela avec le roman d'Yves Gosselin, car
c'est
impossible.
Si leur analyse du roman est fausse, se situant exactement au
même
niveau que celles des chroniqueurs du Devoir et de
Voir, elle
est tout autant dangereuse, pire encore de la part d'universitaires
patentés.
Avec un peu, beaucoup d'imagination, c'est entendu, on peut croire
que ce sont
bien là les intentions de
l'auteur. Mais on ne trouve rien, absolument rien de tel dans le
roman.
Or, c'est bien à des collégiens, pour des
collégiens
qu'on présente une oeuvre littéraire exclusivement
sur les
intentions de son auteur ? C'est ce qu'aura enseigné
la pastorale
littéraire du CRILCQ avec sa table ronde.
Pourtant, j'explique depuis le début que la
réalisation est
opposée aux intentions. La portée de mon analyse
critique, dans
la perspective d'un Centre de littérature
québécoise, est
considérable, alors même que le CRILCQ en fait fi. Il
ne sera
pas inutile de la résumer : elle montre que le roman
d'Yves
Gosselin n'a aucun intérêt ni aucune valeur
littéraire,
alors même qu'il a été choisi de manière
qui le
disqualifie par un jury formé par le Devoir pour ses
intérêts (le journal ayant publié un compte
rendu
dithyrambique du roman par son chroniqueur Louis Hamelin et ayant
refusé ma réplique... ); l'ouvrage
prête à Louis-Ferdinand Céline un discours
inacceptable
parce qu'il est injustifié; par ailleurs, Discours de
réception est un
ouvrage profondément antisémite, alors même que
l'auteur
avait de très
bonnes intentions, au-dessus de son talent, et même
au-delà.
Tout cela concerne directement les compétences d'un Centre
de
littérature québécoise, ses responsables et
ses
membres.
Chose certaine, Gilles Dupuis, Pierre Nepveu et Patrick Poirier,
qui ont lu
le roman et utilisent le CRILCQ pour en faire la promotion, font
preuve d'une
rare insensibilité, aussi bien du point de vue
littéraire que
moral.
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